L’atelier d’Anne-Cécile Allegre, un espace potier dédié à la création de
céramiques contemporaines, entre Nantes et Pornic

L’appel de l’argile, la cueillette de terre dans la rivière, derrière l’atelier de poterie,
à Saint-Père en Retz, près de Pornic et Saint-Brévin

Fascination irrésistible pour la terre argileuse !

Cette fascination me conduit à l’arrière de l’atelier de poterie, à descendre et traverser la prairie de la Malnoë, pour parcourir en bottes, la rivière du Boivre, celle-là même qui se jette 10km plus loin à Saint-Brévin. Au creux d’un méandre, la glaise apparaît, gris clair ou beige. Plus loin, chargée en oxyde de fer, elle se trouve plus jaune. Innocence qui échappe à la raison, retour à l’énergie d’enfant, la joie me gagne et je récolte trois ou quatre kilos de cette glaise argileuse pour expérimenter ses qualités plus tard dans l’atelier. Un long travail de tri, s’ensuivra, pour laver cette terre des impuretés, minérales ou végétales, grains de feldspath encore grossiers, sables, coquillages ou paillettes de mica. Puis un fin tamisage permettra de la modeler ou la tourner.

Résistera-t-elle à mes mains qui façonnent ? Comment cette argile plastique et douce, va-t-elle traverser la cuisson ? Elle n’existe pour le moment que dans mes rêves, mes projections de potière qui imagine la création en terre de récolte, rêve de la transformation par le feu et de la métamorphose de la matière dans ce cycle céramique. La couleur de cette terre ne laisse en rien présager de sa couleur après. Cette surprise, ce caractère unique de chaque lieu et chaque terre nourrit mon imaginaire le plus archaïque et me laisser rêver en me reliant à la femme préhistorique et la grande histoire de la céramique.

Tournage de la terre de grès, bols, théières, pichets, tasses et céramiques pour l’art de la table, céramiques locales près de Saint-Brévin, Paimboeuf et Pornic

La poterie à proprement dite, l’élaboration d’un contenant, se forme par rotation : boule au creux de la main, boule pincée, étirée, façonnage aux colombins, prévigurent le tour. Cette première machine humaine, la roue, assure cette rotation et libère les deux mains. J’ai appris le tournage sur un tour à pied, c’est-à-dire avec un volant de giration ou une pédale pour l’entraîner. Aujourd’hui, le tour électrique a trouvé sa place dans l’atelier de poterie et remplace l’énergie des jambes. Il n’en reste pas moins que l’essentiel de la maîtrise du tournage potier se situe dans la respiration ! Le centrage de l’argile sur le tour, étape primordiale et incontournable, ne se fera qu’à condition de recentrage sur soi et d’écoute attentive de sa respiration.

Pour celles et ceux qui s’y essaieront en cours ou stage céramique, il s’agira, avant toutes répétitions de gestes techniques, de rester à l’écoute des mains sur la terre qui tourne, à l’écoute de son rythme et de sa respiration : le souffle qui centre.

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